Wissenschafts-Olympiade<\/a> f\u00f6rdert Jugendliche, weckt wissenschaftliche Begabungen und Kreativit\u00e4t und beweist: Wissenschaft ist spannend. Elf Olympiaden finden jedes Jahr statt: Workshops, Lager und Pr\u00fcfungen f\u00fcr \u00fcber 9'000 Talente in Astronomie, Biologie, Chemie, Geographie, Informatik, Linguistik, Mathematik, Philosophie, Physik, Robotik und Wirtschaft. Die Organisatoren sind junge Forschende, Studierende oder Lehrpersonen, die freiwillig viele Stunden und Herzblut in das nationale Programm investieren. Die besten Teilnehmenden vertreten die Schweiz an internationalen Wettbewerben.<\/p>","datetime":1747634400,"datetimeend":0,"newstype":3,"newstypetext":"Communiqu\u00e9 de presse","links":"","subjects":["R\u00e9sultats"],"image":["https:\/\/geography.olympiad.ch\/fileadmin\/_processed_\/4\/6\/csm_Medaille_Internationale_Philosophie_Olympiade_2025_Schweiz_bb5ce384c9.jpg"],"link":"https:\/\/philosophy.olympiad.ch\/fr\/news\/news\/silbermedaille-fuer-schweizerin-an-der-internationalen-philosophie-olympiade","category":[{"uid":1,"title":"Philosophie"},{"uid":5,"title":"Startseite"}]},{"uid":4707,"title":"De la lecture \u00e0 la r\u00e9flexion","teasertext":"Aujourd'hui, la d\u00e9l\u00e9gation suisse se rend aux Olympiades internationales de philosophie. Ana et Armelle, b\u00e9n\u00e9voles des Olympiades de philosophie, t'invitent \u00e0 faire votre propre voyage : ton chemin vers la philosophie.","short":"As-tu d\u00e9j\u00e0 eu envie d\u2019en d\u00e9couvrir davantage sur la philosophie, sans savoir par o\u00f9 ni par quoi commencer? Ana Abril et Armelle Martinez, alumnae et b\u00e9n\u00e9voles des Olympiades de Philosophie, partagent avec toi, dans cet article en deux parties, leurs r\u00e9flexions sur comment devenir soi-m\u00eame un philosophe. Dans cette premi\u00e8re partie, Armelle t'invite \u00e0 un court voyage \u00e0 travers l\u2019histoire de la philosophie.","body":"As-tu d\u00e9j\u00e0 entendu parler de Socrate ? Avant d\u2019\u00eatre introduite \u00e0 ses id\u00e9es en classe, je n\u2019avais, moi non plus, aucune id\u00e9e de qui il pouvait \u00eatre, ni de ce qu\u2019il avait pu apporter \u00e0 notre soci\u00e9t\u00e9. J\u2019avais vaguement aper\u00e7u, dans un magazine d\u2019art, le tableau La Mort de Socrate<\/i>, mais au-del\u00e0 de cette br\u00e8ve apparition, nous n\u2019avions jamais r\u00e9ellement fait connaissance. Pourtant, j\u2019ai toujours \u00e9t\u00e9 frapp\u00e9e par la fr\u00e9quence \u00e0 laquelle certains universitaires de mon entourage le citaient \u2014 lui, ainsi que d\u2019autres noms illustres mais obscurs pour toute oreille non avertie. Je faisais semblant, comme beaucoup d\u2019entre nous au quotidien, de comprendre leurs r\u00e9f\u00e9rences, la peur de para\u00eetre ignorante surpassant tout v\u00e9ritable d\u00e9sir de compr\u00e9hension.<\/p>\r\n
Pourtant, cette honte, nous l\u2019avons tous ressentie au moins une fois en nous \u2014 et cela depuis des si\u00e8cles. En effet, celui qu\u2019on nomme le fondateur de la philosophie, Socrate en personne, a donn\u00e9 sa plus pr\u00e9cieuse le\u00e7on en d\u00e9clarant : \u00ab Je sais que je ne sais rien. \u00bb Ce que Socrate nous enseigne l\u00e0 n\u2019est pas une nouveaut\u00e9, mais un rappel essentiel : la plupart de nos certitudes reposent sur une illusion de compr\u00e9hension. Le plus souvent, nous faisons simplement semblant de comprendre.<\/p>\r\n
Quel soulagement, me diriez-vous \u2014 et je l\u2019entends. Pourtant, le d\u00e9sir de ne plus rester ignorante \u00e0 ce sujet m\u2019habite depuis assez longtemps pour qu\u2019il me vienne l\u2019envie de partager, m\u00eame de mani\u00e8re superficielle, une petite histoire de la philosophie. Alors, sans plus tarder, partons sur les traces de penseurs qui ont fa\u00e7onn\u00e9 notre mani\u00e8re de percevoir le monde\u2026<\/p>\r\n
A propos de l'auteur : <\/strong>Armelle Martinez a particip\u00e9 \u00e0 la finale des Olympiades de philosophie en 2024 et est depuis active en tant que b\u00e9n\u00e9vole. Elle vient de Nyon et \u00e9tudie aujourd'hui la m\u00e9decine \u00e0 Zurich.<\/p>\r\n <\/p>\r\n
Notre premi\u00e8re \u00e9tape consistera \u00e0 d\u00e9finir notre angle de recherche, donner un fil conducteur \u00e0 la fresque que nous allons peindre sur la philosophie. Puisque nous sommes nous-m\u00eame en qu\u00eate de compr\u00e9hension, je propose d\u2019analyser les perspectives des philosophes \u00e0 propos du savoir et de la mani\u00e8re de l\u2019acqu\u00e9rir.<\/p>\r\n
Pour beaucoup, la philosophie commence en somme avec la mort de Socrate en 399 av. JC. Platon, son disciple, fut un \u00e9crivain prolifique qui utilisa son ma\u00eetre comme figure centrale de ses ouvrages pour transmettre ses propres id\u00e9es philosophiques. Socrate lui-m\u00eame n\u2019\u00e9crivit jamais rien, mais gr\u00e2ce aux \u00e9crits de Platon, nous avons tout de m\u00eame \u00e0 notre disposition une bonne compr\u00e9hension de sa m\u00e9thode d\u2019enseignement. Au d\u00e9but d\u2019une discussion avec un disciple ou un habitant d\u2019Ath\u00e8nes, Socrate adoptait \u00e0 chaque fois le r\u00f4le de l\u2019\u00e9l\u00e8ve et demandait \u00e0 ses interlocuteurs d\u2019expliquer quelque chose qu\u2019ils pensaient comprendre. Ensuite, en suivant un questionnement logique, il guidait la conversation vers l\u2019essence \u2014 la v\u00e9ritable d\u00e9finition \u2014 du sujet choisi. Mais ses interlocuteurs se retrouvaient irr\u00e9m\u00e9diablement pris au d\u00e9pourvu, incapables d\u2019expliquer clairement leur raisonnement. Ce ph\u00e9nom\u00e8ne devrait te sembler familier : nous croyons savoir des myriades de faits sur ce qui nous entoure, alors qu\u2019en r\u00e9alit\u00e9 nous acceptons simplement le monde tel qu\u2019il est, sans le questionner. En d\u2019autres termes, le dialogue socratique menait invariablement \u00e0 une qu\u00eate plus profonde de sens, par exemple : qu\u2019est-ce que la justice\u202f? Que voulons-nous vraiment dire par connaissance\u202f?<\/i> Socrate et Platon pensaient qu\u2019il est impossible de parler v\u00e9ritablement d\u2019un concept sans en comprendre d\u2019abord l\u2019Id\u00e9e<\/i>. Ce principe est connu en philosophie sous le nom de la Th\u00e9orie des Id\u00e9es<\/i>. Pour acqu\u00e9rir un savoir authentique et \u00e9viter de tomber dans une illusoire compr\u00e9hension, il faut d\u2019abord d\u00e9finir le concept discut\u00e9 \u2014 ce n\u2019est qu\u2019ensuite que l\u2019on peut en explorer ses implications de mani\u00e8re significative. Cette m\u00e9thode de progression des d\u00e9finitions vers les exemples s\u2019appelle le raisonnement inductif<\/i>. De nombreux adversaires de Socrate et de Platon soutenaient qu\u2019il \u00e9tait au contraire illusoire de pr\u00e9tendre trouver la v\u00e9ritable Id\u00e9e d\u2019une notion, argumentant ainsi que la qu\u00eate \u00e9tait inutile. Socrate, cependant, affirmait le contraire : le chemin vers la connaissance est le seul qui puisse nous faire sortir des t\u00e9n\u00e8bres de l\u2019illusion pour nous conduire vers la lumi\u00e8re et le vrai bonheur.<\/p>\r\n
Aristote, lui, s\u2019oppose totalement \u00e0 cette approche et emprunte le chemin de pens\u00e9e oppos\u00e9: il part de ses observations de la nature et de la soci\u00e9t\u00e9 pour essayer de d\u00e9couvrir les principes g\u00e9n\u00e9raux qui les sous-tendent. Ce raisonnement d\u00e9ductif<\/i> peut \u00eatre vu comme l\u2019origine de la pens\u00e9e scientifique, et, par extension, on pourrait consid\u00e9rer Aristote comme l\u2019un des premiers scientifiques. Contrairement \u00e0 Platon, qui voyait nos sens comme un obstacle \u00e0 la connaissance v\u00e9ritable, Aristote les consid\u00e9rait comme le point de d\u00e9part indispensable \u00e0 tout d\u00e9sir de compr\u00e9hension.<\/p>\r\n
Faisons maintenant un grand saut dans le temps jusqu\u2019en France au XVII\u1d49 si\u00e8cle. Descartes, philosophe, scientifique et math\u00e9maticien fran\u00e7ais, y \u00e9non\u00e7a une phrase simple \u2014 trois mots seulement \u2014 qui fut tout autant discut\u00e9e et analys\u00e9e que Carpe diem<\/i> dans \u00ab Le Cercle des po\u00e8tes disparus \u00bb : Cogito ergo sum \u2014 Je pense, donc je suis<\/i>. Cette affirmation nous semble peut-\u00eatre \u00e9vidente aujourd\u2019hui, voire triviale, mais le chemin pour y parvenir fut loin d\u2019\u00eatre simple. Descartes entreprit un processus de doute radical, remettant en question d\u00e9lib\u00e9r\u00e9ment tout ce qu\u2019il croyait savoir, \u00e9cartant toute hypoth\u00e8se dans l\u2019espoir de se retrouver finalement nez \u00e0 nez avec le fondement, le noyau m\u00eame de l\u2019absolue certitude. Il fonctionna ainsi: <\/p>\r\n- Pouvait-il se fier \u00e0 ses sens\u202f? Non \u2014 ils l\u2019avaient d\u00e9j\u00e0 tromp\u00e9 (ici encore, nous pouvons observer un point de d\u00e9saccord avec Aristote. Qui des deux avait raison, tort? \u2014 le d\u00e9bat reste ouvert\u2026). <\/span><\/li>
- Pouvait-il faire confiance \u00e0 l\u2019existence m\u00eame du monde qui l\u2019entourait\u202f? M\u00eame cela pouvait \u00eatre une illusion.<\/span><\/li><\/ul>\r\n
Mais il y avait une chose qu\u2019il ne pouvait pas remettre en doute : l\u2019acte m\u00eame de penser. M\u00eame s\u2019il doutait de tout le reste, le fait de penser prouvait son existence. Cette prise de conscience devint, pour Descartes, le fondement in\u00e9branlable sur lequel toute connaissance devait \u00eatre construite.<\/p>\r\n
<\/p>\r\n
Armelle (\u00e0 gauche) discute avec les participants aux Olympiades de la philosophie.<\/p>\r\n
David Hume, un des plus influents empiristes, posa la question du savoir d'une autre mani\u00e8re. Il s\u2019int\u00e9ressa moins \u00e0 son fondement qu\u2019\u00e0 la mani\u00e8re de l'acqu\u00e9rir. Contrairement aux rationalistes comme Descartes, Hume croyait fermement que toute connaissance provient de l\u2019exp\u00e9rience \u2014 ce que nous percevons \u00e0 travers nos sens. Pour lui, l\u2019esprit humain \u00e0 la naissance est une tabula rasa<\/i>, une page blanche qui, \u00e0 travers la vie d\u2019un individu, se compl\u00e8te progressivement d\u2019inscriptions avec nos sentiments, souvenirs et associations. Selon Hume, m\u00eame les id\u00e9es les plus complexes peuvent \u00eatre d\u00e9sarticul\u00e9es en de simples impressions sensorielles dont nous avons impr\u00e9gn\u00e9es notre feuille de papier. \u00c0 travers notre vie, nous sommes sans cesse expos\u00e9s au monde. Nous reconnaissons des motifs autour de nous ce qui cr\u00e9ent des attentes, celles-ci menant \u00e0 des habitudes et un sentiment de s\u00e9curit\u00e9 que nous interpr\u00e9tons comme le savoir. Mais Hume nous avertit : ce n\u2019est pas parce que nous associons syst\u00e9matiquement deux \u00e9v\u00e9nements qu\u2019ils sont n\u00e9cessairement li\u00e9s. Ce scepticisme le conduit \u00e0 remettre en question des concepts-cl\u00e9s comme la causalit\u00e9, que nous tenons souvent pour acquis. Pouvons-nous \u00eatre s\u00fbr qu\u2019un \u00e9v\u00e9nement est la cause d\u2019un autre \u2014 ou nous y attendons-nous simplement parce que cela a toujours \u00e9t\u00e9 ainsi\u202f? De cette mani\u00e8re, Hume non seulement ancre la connaissance dans la perception, mais, comme son pr\u00e9d\u00e9cesseur Socrate, remet en question la certitude de ce que nous croyons savoir.<\/p>\r\n
Le radicalisme empiriste de Hume bouleversa la philosophie \u2014 et peu de penseurs furent plus touch\u00e9s qu\u2019Emmanuel Kant, qui avoua que le scepticisme de Hume \u00ab l\u2019\u00e9veilla de son sommeil dogmatique \u00bb. Kant reconnut lui aussi que la connaissance commence par l\u2019exp\u00e9rience, mais argumenta qu\u2019elle ne s\u2019y limite pas. Dans sa Critique de la raison pure, il tenta de r\u00e9concilier rationalisme et empirisme en montrant que la connaissance na\u00eet de l\u2019interaction entre les donn\u00e9es sensibles (a posteriori <\/i>\u2014 ce sur quoi il s\u2019accordait avec Hume) et les structures inn\u00e9es de l\u2019esprit humain (a priori<\/i> \u2014 une position platonicienne) \u2014 telles que l\u2019espace, le temps et la causalit\u00e9. Nous n\u2019absorbons pas simplement la r\u00e9alit\u00e9 : nous la structurons activement. Pour Kant, cela signifie que, m\u00eame si nous ne pouvons jamais acc\u00e9der aux choses en elles-m\u00eames (das Ding an sich<\/i>), nous pouvons comprendre le monde tel qu\u2019il nous appara\u00eet, filtr\u00e9 par les structures de notre perception.<\/p>\r\n
Comme tous les exemples ci-dessus le montrent, la philosophie est intarissable et se remod\u00e8le activement avec les penseurs de son temps. Selon moi, elle est pr\u00e9cis\u00e9ment inestimable pour cela. Contrairement aux autres sciences, elle n\u2019offre aucunes v\u00e9rit\u00e9s temporaires: elle choisit de ne pas en donner du tout. C\u2019est une discipline pleines de contradictions, de dialogue, et qui nous pousse \u00e0 un retour aux fondements de toutes sciences : la logique et l\u2019intuition. Cet article vous a peut-\u00eatre donn\u00e9 un aper\u00e7u de l\u2019histoire de la philosophie, mais pour la comprendre v\u00e9ritablement, il faut s\u2019y engager soi-m\u00eame. Il faut devenir philosophe. Heureusement, ce titre est facile \u00e0 obtenir : il suffit de penser par soi-m\u00eame. Et c\u2019est exactement ce que l\u2019on attend de vous aux Olympiades de Philosophie. Cela peut sembler plus facile \u00e0 dire qu\u2019\u00e0 faire. Alors, laissez-moi vous guider une derni\u00e8re fois : ne perdez pas de temps et poursuivez votre lecture avec la deuxi\u00e8me partie de cet article. L\u00e0 nous vous proposons de vous confronter \u00e0 une activit\u00e9 des plus classiques aux Olympiades de Philosophie : une exp\u00e9rience de pens\u00e9e<\/i> (thought experiment<\/i>). <\/p>\r\n
<\/p>","datetime":1747225980,"datetimeend":0,"newstype":1,"newstypetext":null,"links":"","subjects":["Savoir"],"image":["https:\/\/geography.olympiad.ch\/fileadmin\/_processed_\/1\/d\/csm_David_-_The_Death_of_Socrates_ea4203cfaa.jpg"],"link":"https:\/\/philosophy.olympiad.ch\/fr\/news\/news\/de-la-lecture-a-la-reflexion","category":[{"uid":1,"title":"Philosophie"},{"uid":5,"title":"Startseite"}]},{"uid":4719,"title":"Soutenir les Olympiades de robotique","teasertext":"Nous encourageons les jeunes \u00e0 coder, \u00e0 construire et \u00e0 travailler en \u00e9quipe. Soutenez la rel\u00e8ve suisse de la robotique sur son chemin olympique vers la finale suisse des World Robot Olympiad.","short":"","body":"","datetime":1746880380,"datetimeend":0,"newstype":1,"newstypetext":null,"links":"https:\/\/wemakeit.com\/projects\/robot-olympiad?locale=fr","subjects":["Egalit\u00e9 des chances"],"image":["https:\/\/geography.olympiad.ch\/fileadmin\/_processed_\/0\/4\/csm_00000090_d4ada8d974.jpg"],"link":"https:\/\/science.olympiad.ch\/fr\/news\/news\/olympiade-fuer-tueftlerinnen","category":[{"uid":12,"title":"Robotik"},{"uid":5,"title":"Startseite"}]},{"uid":4703,"title":"\u00ab La qualit\u00e9 la plus importe qu\u2019un chercheur peut avoir est d\u2019avoir une tr\u00e8s grande r\u00e9sistance \u00e0 la frustration. \u00bb","teasertext":"David Cimasoni, ma\u00eetre d\u2019enseignement et de recherche \u00e0 l\u2019Universit\u00e9 de Gen\u00e8ve, partage ses exp\u00e9riences et avis en tant que chercheur dans une interview men\u00e9e par les b\u00e9n\u00e9voles des\r\nOlympiades de la science Yuta Mikhalkin et Tanish Patil.","short":"\u00ab Quand j\u2019\u00e9tais au coll\u00e8ge, mon professeur de math\u00e9matiques nous avait parl\u00e9 des diff\u00e9rentes tailles de l\u2019infini, et je m\u2019\u00e9tais dit que je voudrais vraiment comprendre tout cela un jour. \u00bb Quelques\r\nann\u00e9es plus tard, David Cimasoni ne s\u2019est pas seulement content\u00e9 de comprendre ce concept, mais\r\nseulement quelques semaines apr\u00e8s avoir commenc\u00e9 sa th\u00e8se de master, il a r\u00e9solu un probl\u00e8me\r\nd\u2019une mani\u00e8re que son directeur pensait impossible. Encore incertain quant \u00e0 une carri\u00e8re dans la\r\nrecherche, il a d\u00e9cid\u00e9 de tenter sa chance \u2014 et cela en a bien valu la peine. Aujourd\u2019hui ma\u00eetre\r\nd\u2019enseignement et de recherche \u00e0 l\u2019Universit\u00e9 de Gen\u00e8ve, ses recherches portent principalement sur\r\nla th\u00e9orie des n\u0153uds et la physique math\u00e9matique. Dans une interview men\u00e9e par les b\u00e9n\u00e9voles des Olympiades da la science Yuta Mikhalkin et Tanish Patil, il partage ses exp\u00e9riences et avis en tant que chercheur.","body":"
\u00ab La th\u00e9orie des n\u0153uds est tr\u00e8s intuitive et agr\u00e9able \u00e0 expliquer. On prend une corde, on noue ses extr\u00e9mit\u00e9s ensemble et on \u00e9tudie les diff\u00e9rents n\u0153uds qu\u2019elle peut former : certains sont triviaux, d\u2019autres sont \u00e9quivalents entre eux \u00bb \u2014 explique-t-il, sous-entendant que certains n\u0153uds peuvent \u00eatre d\u00e9faits ou transform\u00e9s en d\u2019autres. \u00ab Au final, une fois qu\u2019on formalise tout cela, il s\u2019agit d\u2019une question topologique qui implique ce qu\u2019on appelle un invariant \u2014 un objet math\u00e9matique associ\u00e9 \u00e0 chaque n\u0153ud qui a l\u2019importante propri\u00e9t\u00e9 de ne pas changer lorsque le n\u0153ud est d\u00e9form\u00e9. Ainsi, on peut d\u00e9montrer que deux n\u0153uds ne sont pas \u00e9quivalents si l\u2019on montre que leurs invariants ne sont pas \u00e9gaux. La meilleure partie c\u2019est que la d\u00e9finition de ces invariants peut faire appel \u00e0 des techniques provenant de pratiquement n\u2019importe quel domaine des math\u00e9matiques. \u00bb<\/p>\r\n
La th\u00e9orie des n\u0153uds est tr\u00e8s intuitive et agr\u00e9able \u00e0 expliquer. On prend une corde, on noue ses extr\u00e9mit\u00e9s ensemble et on \u00e9tudie les diff\u00e9rents n\u0153uds qu\u2019elle peut former.<\/p>\r\n
Comme son nom l\u2019indique, la physique math\u00e9matique est la branche qui \u00e9tudie les mod\u00e8les math\u00e9matiques derri\u00e8re les lois et ph\u00e9nom\u00e8nes physiques. L\u2019un des mod\u00e8les sur lesquels David Cimasoni travaille actuellement s\u2019appelle en anglais \u00ab the dimer model \u00bb. Selon ce mod\u00e8le, si l\u2019on consid\u00e8re un graphe et une s\u00e9lection d\u2019ar\u00eates telle que chaque sommet n\u2019est recouvert que par une ar\u00eate, on parle d\u2019un \u00ab appariement parfait \u00bb. Il s\u2019agit alors de trouver ces appariements parfaits et des m\u00e9thodes pour les compter : par exemple, si un graphe peut \u00eatre plong\u00e9 dans un plan, il existe un moyen efficace de les d\u00e9nombrer. Pour des graphes plus g\u00e9n\u00e9raux, on peut utiliser des outils issus de la th\u00e9orie des n\u0153uds, ce qui suscite particuli\u00e8rement l\u2019int\u00e9r\u00eat de David Cimasoni.<\/p>\r\n
Le domaine de recherche de David Cimasoni n\u2019int\u00e9resse pas uniquement les math\u00e9maticiens : il mentionne par exemple que la th\u00e9orie des n\u0153uds est \u00e9galement d\u2019importance pour la biologie mol\u00e9culaire, car elle permet de mieux comprendre le comportement des mol\u00e9cules de l\u2019ADN, leurs interactions, ainsi que l\u2019action de certaines enzymes sur les mol\u00e9cules. Il a personnellement collabor\u00e9 avec un physicien qui \u00e9tudiait les signaux lumineux et la mani\u00e8re dont ceux-ci pouvaient former des n\u0153uds, apportant ainsi une perspective math\u00e9matique \u00e0 ces recherches. Il commente que l\u2019intersection entre les math\u00e9matiques et d\u2019autres disciplines ne concerne pas seulement le \u00ab quoi \u00bb, mais surtout le \u00ab pourquoi \u00bb : \u00ab Un tr\u00e8s bon ami \u00e0 moi travaille aujourd\u2019hui chez Google, et il essaie de r\u00e9ellement comprendre pourquoi les algorithmes qui font fonctionner l\u2019intelligence artificielle marchent. On peut ajuster des param\u00e8tres pour am\u00e9liorer les performances des mod\u00e8les d\u2019apprentissage automatique, mais comprendre les math\u00e9matiques qui sous-tendent ces d\u00e9cisions \u2014 visualiser ce que fait le mod\u00e8le g\u00e9om\u00e9trique, comme une sorte de descente de gradient sur une vari\u00e9t\u00e9 qui cherche de bons minima locaux \u2014 est \u00e9galement une question essentielle. \u00bb<\/p>\r\n
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\u00c0 propos de l'auteur :<\/strong> Yuta Mikhalkin est b\u00e9n\u00e9vole dans la media team des Olympiades de la science apr\u00e8s y avoir elle-m\u00eame particip\u00e9. Elle \u00e9tudie les math\u00e9matiques \u00e0 l\u2019Universit\u00e9 de Gen\u00e8ve.<\/p>\r\nUn autre aspect de la recherche, c\u2019est que l\u2019on travaille sur un sujet sans vraiment savoir dans quelle direction aller, ni m\u00eame s\u2019il existe une r\u00e9ponse \u00e0 la question pos\u00e9e. Pire encore, toute une th\u00e9orie que l\u2019on a pass\u00e9e beaucoup de temps \u00e0 d\u00e9velopper peut soudainement s\u2019effondrer. Personne n\u2019est vraiment l\u00e0 pour v\u00e9rifier que ce que l\u2019on fait est correct \u2014 on est totalement livr\u00e9 \u00e0 soi-m\u00eame. \u00ab Il y a un an, un coll\u00e8gue et moi avons publi\u00e9 un article, et il y a deux mois, nous avons remarqu\u00e9 qu\u2019il contenait en fait une erreur, et personne ne l\u2019avait vue ! Nous avons donc d\u00fb \u00e9crire un e-mail \u00e0 l\u2019\u00e9diteur pour demander de l\u2019enlever. Heureusement, l\u2019erreur a maintenant \u00e9t\u00e9 corrig\u00e9e et les r\u00e9sultats principaux de l\u2019article restent valides. \u00bb<\/p>\r\n
Il y a un an, un coll\u00e8gue et moi avons publi\u00e9 un article, et il y a deux mois, nous avons remarqu\u00e9 qu\u2019il contenait en fait une erreur, et personne ne l\u2019avait vue ! Nous avons donc d\u00fb \u00e9crire un e-mail \u00e0 l\u2019\u00e9diteur pour demander de l\u2019enlever. Heureusement, l\u2019erreur a maintenant \u00e9t\u00e9 corrig\u00e9e et les r\u00e9sultats principaux de l\u2019article restent valides. <\/p>\r\n
Et qu\u2019en est-il de l\u2019enseignement, la \u00ab pire partie \u00bb du m\u00e9tier de chercheur ? David Cimasoni enseigne principalement des cours de bachelor \u2014 souvent les moins d\u00e9sir\u00e9s \u2014 mais il voit cela comme une partie importante dans sa carri\u00e8re. Chaque fois qu\u2019il se retrouve dans une impasse dans sa recherche \u2014 ce qui arrive in\u00e9vitablement \u00e0 tout chercheur \u2014 il trouve du r\u00e9confort dans l\u2019enseignement, sachant que cela aura toujours de la valeur pour quelqu\u2019un. En effet, tr\u00e8s clairs et structur\u00e9s, ses cours sont particuli\u00e8rement captivants, et ses notes de cours sont largement utilis\u00e9es et appr\u00e9ci\u00e9es m\u00eame pour des enseignements qu\u2019il ne donne plus. Et contrairement \u00e0 ce que certains pourraient penser, enseigner est loin d\u2019\u00eatre ennuyeux. \u00ab Il est extr\u00eamement facile de transmettre l\u2019art \u2014 il suffit de le regarder ou de l\u2019\u00e9couter \u2014 mais transmettre les math\u00e9matiques, ce n\u2019est pas pareil : c\u2019est assez difficile et extr\u00eamement int\u00e9ressant. \u00bb<\/p>\r\n
Lorsque David Cimasoni \u00e9tait \u00e9tudiant, il a un jour lu, dans un journal de l\u2019EPFL, une interview du professeur Manuel Ojanguren, \u00e0 ce jour encore professeur \u00e0 l\u2019institution. Une phrase l\u2019a particuli\u00e8rement marqu\u00e9, et il y pense encore aujourd\u2019hui. \u00ab La question \u00e9tait : quelle est la qualit\u00e9 principale que doit avoir un chercheur ? Je pensais qu\u2019il allait \u00e9videmment r\u00e9pondre qu\u2019il faut \u00eatre intelligent. Mais \u00e0 la place il a dit quelque chose comme : Il faut avoir une tr\u00e8s grande r\u00e9sistance \u00e0 la frustration. Et \u00e0 l\u2019\u00e9poque, je n\u2019avais tout simplement pas compris ce qu\u2019il voulait dire. \u00bb<\/p>\r\n
La question \u00e9tait : quelle est la qualit\u00e9 principale que doit avoir un chercheur ? Je pensais qu\u2019il allait \u00e9videmment r\u00e9pondre qu\u2019il faut \u00eatre intelligent. Mais \u00e0 la place il a dit quelque chose comme : Il faut avoir une tr\u00e8s grande r\u00e9sistance \u00e0 la frustration. Et \u00e0 l\u2019\u00e9poque, je n\u2019avais tout simplement pas compris ce qu\u2019il voulait dire.<\/p>\r\n
Mais aujourd\u2019hui, ces mots prennent tout leur sens pour lui. Pour reprendre ses propres termes : \u00ab En tant qu\u2019\u00e9tudiant, les exercices auxquels on est confront\u00e9 sont facilement abordables, dans le sens o\u00f9 on est surs qu\u2019ils ont une solution, et rarement sont-ils ouverts au point qu\u2019on ne sache pas \u00e0 quoi s\u2019attendre comme r\u00e9ponse \u2014 on sait qu\u2019il y en aura une. Dans une th\u00e8se de master, les questions deviennent un peu plus ouvertes, mais on est encore encadr\u00e9 par quelqu\u2019un d\u2019exp\u00e9riment\u00e9, qui a une bonne id\u00e9e de comment s\u2019y prendre. En r\u00e9elle recherche, c\u2019est-\u00e0-dire \u00e0 partir du doctorat ou apr\u00e8s, il est beaucoup plus difficile de savoir si l\u2019on va dans la bonne direction ! \u00bb<\/p>\r\n
En r\u00e9elle recherche, c\u2019est-\u00e0-dire \u00e0 partir du doctorat ou apr\u00e8s, il est beaucoup plus difficile de savoir si l\u2019on va dans la bonne direction !<\/p>\r\n
Ce n\u2019est donc pas tant une question d\u2019intelligence. C\u2019est plut\u00f4t une question de t\u00e9nacit\u00e9, de ne pas abandonner, et d\u2019avoir la force mentale de se dire : \u00ab Je peux surmonter \u00e7a. \u00bb \u00c0 de nombreuses reprises au cours de sa carri\u00e8re, David Cimasoni a vu des personnes d\u2019intelligence brillante, mais incapables de faire face aux probl\u00e8mes de longue tenue. Au contraire, il remarque qu\u2019il existe d\u2019ind\u00e9nombrables exemples de personnes qui avaient peu de succ\u00e8s dans leur \u00e9tudes, mais qui ont atteint les sommets des math\u00e9matiques gr\u00e2ce \u00e0 leur pers\u00e9v\u00e9rance et \u00e0 leur travail acharn\u00e9 \u2014 l\u2019exemple le plus c\u00e9l\u00e8bre \u00e9tant celui de June Huh, laur\u00e9at de la M\u00e9daille Fields en 2022 (le prix le
plus prestigieux en math\u00e9matiques), qui avait \u00e9t\u00e9 refus\u00e9 par presque toutes les universit\u00e9s auxquelles il avait postul\u00e9 pour un doctorat. Il n\u2019en a obtenu un qu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e2ge de 31 ans, mais il s\u2019est r\u00e9v\u00e9l\u00e9 \u00eatre un talent tardif et un math\u00e9maticien exceptionnel.<\/p>\r\n
De mani\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale, les math\u00e9matiques se trouvent aujourd\u2019hui \u00e0 un carrefour : les math\u00e9matiques appliqu\u00e9es b\u00e9n\u00e9ficient de financements de plus en plus importants, notamment gr\u00e2ce aux avanc\u00e9es r\u00e9centes dans le domaine de l\u2019intelligence artificielle, qui suscitent un vif int\u00e9r\u00eat ext\u00e9rieur. Pendant ce temps, les math\u00e9matiques pures, souvent plus abstraites et moins directement li\u00e9es \u00e0 des applications concr\u00e8tes, peuvent parfois se retrouver mises de c\u00f4t\u00e9. David Cimasoni souligne que les \u00e9tudiants qui s\u2019inqui\u00e8tent quant \u00e0 l\u2019id\u00e9e d\u2019\u00e9tudier les math\u00e9matiques pures ne devraient pas craindre de passer \u00e0 c\u00f4t\u00e9 d\u2019une carri\u00e8re en recherche dans des entreprises comme Google ou Amazon. Bien s\u00fbr, un dipl\u00f4me dans un domaine plus appliqu\u00e9 offre une voie plus directe, mais le chercheur fait remarquer qu\u2019il conna\u00eet de nombreux coll\u00e8gues qui sont pass\u00e9s de la recherche acad\u00e9mique \u00e0 l\u2019industrie. \u00ab J\u2019ai par exemple un ami qui travaillait en g\u00e9om\u00e9trie symplectique et qui est maintenant chez Google. Les recruteurs dans ces entreprises sont assez intelligents pour savoir que si quelqu\u2019un a un doctorat en math\u00e9matiques pures, il ne conna\u00eetra probablement pas tout sur l\u2019apprentissage automatique, mais qu\u2019il pourra l\u2019apprendre tr\u00e8s rapidement. \u00bb Le conseil final de David Cimasoni \u00e0 tout jeune math\u00e9maticien en herbe est simple : \u00ab Travaillez dur, faites ce que vous aimez, et n\u2019abandonnez jamais ! \u00bb<\/p>\r\n
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